Maroc: semaine 2 : Les pieds dans le sable et les pieds dans le souk

Nous quittons la côte pour amorcer la route qui nous mènera aux portes du désert du Sahara. Tout un programme. 

Première étape: Taroudant. 

Située à 80kms d'Agadir, Taroudant est surnommée la "petite Marrakech"en raison de sa petite médina pleine de vie.  Son principal attrait réside dans les remparts qui l'entourent. 

Nous débarquons par hasard par l'une des portes dans la médina. Nous nous faisons intercepter par Ichame, un marocain a mobylette qui deviendra notre tour opérateur à Taroudant. Le hasard ou plutôt ses talents d'attrape touriste nous a mis sur sa route et nous nous laisserons guider et conseiller par ce personnage qui semble connaître tout le monde ici:" le loup blanc aux babouches jaunes de Taroudant" . À la recherche d'un hébergement et après avoir visité un certes joli mais hors budget , Riad dans la médina , il réussit à nous dégoter Le bon plan. Une villa située en dehors de la médina appartenant à des français qui la louent probablement une petite fortune. Imaginez: piscine immense, 7 chambres et une suite impressionnante, 2 salons, salle de sport et terrain de pétanque sans oublier la cuisinière Fatima qui nous concoctera un délicieux tagine. Le tout pour moins de 80€ la nuit. Le rêve... 

C'est en calèche qu'Ichame nous fera ensuite  découvrir la medina.

Certes, il ne nous épargnera pas les visites destinées aux touristes de la boutique de luxe de produits à base d'argan en passant par le magasin de tapis et les bijouteries berbères. Qu'importe, bien que peu fans de ce type de tour, nous nous laisserons guider et en profitons pour goûter sans perte de temps à l'ambiance tantot frénétique du souk et tantôt tranquille des ruelles et des quartiers de la médina. 

Le lendemain, au grand regret des enfants, nous quittons notre villa de rêve pour entamer la longue route qui va nous mener aux portes du désert. 

Nous faisons une halte rapide à Talouine, lieu où se récolte la plupart du safran du pays. 

La ville  présente peu d'intérêt sauf pour les amateurs de cet or rouge dont la ville possède plusieurs coopératives. 

Après avoir traversé des vallées recouvertes d'arganiers, nous parcourons des plaines , des plateaux et des collines desertiques, rocailleux. Images de Bolivie ou de Namibie.... Souvenirs souvenirs... 

Nous arrivons après 4h30 de route à Agdz ( on dit Agdés) 

Agdés est une petite bourgade bordée par une immense palmeraie que les habitants appellent le jardin, une véritable oasis au milieu du désert où sont cultivés légumes, fruits fleurs et blé. Nous sommes dans la vallée du Draa, l'un des plus long cours d'eau du Maroc. 

Il fait une chaleur de dingue et après les nuits fraîches que nous avons connues jusqu'à maintenant, place à la canicule. 

La piscine du Riad que nous parvenons à trouver après une bonne négociation est la bienvenue. Nous comprenons pourquoi ici, c'est la saison creuse pour le tourisme. Il fait vraiment très chaud. L'avantage c'est que nous sommes quasiment seuls partout où nous allons et que nous pouvons tout négocier à la baisse. Laurent parti faire des photos dans le village traditionnel berbere voisin se fait inviter au mariage d'une jeune femme originaire du coin. Tout le village est invité et les parents préparent la voiture de la mariée qui doit rejoindre en cortège son mari ce soir à plusieurs centaines de kilomètres de la. 

Nous nous retrouvons ainsi séparés. Nina et moi chez les femmes et Cléo et Laurent chez les hommes. Gros moment de solitude pour Nina et moi parmi les femmes ne parlant pas un mot de français qui tentent d'engager la conversation tout en insistant pour que nous partagions thé et couscous avec elles. Nous arriverons à communiquer partiellement avec quelques gamines qui apprennent le français à l'école. Laurent sera finalement le seul à partager le repas commun. Trop dur pour Cléo le partage du même plat avec la main droite.. Quand à nous les filles, nous sommes arrivées trop tard. Les femmes d'abord, les hommes après et les enfants en derniers. Nous laissons ces généreux villageois à leur fête et profitons d'un lever de lune incroyable sur la palmeraie. 

Nous quittons Agdz le lendemain et entamons une longue route de 4h 30 pour rejoindre Merzouga, une étape incontournable du Sud marocain afin de vivre l'expérience du désert. L'air est de plus en plus brûlant et nous traversons des paysages de plus en plus arides. Pas de doutes nous arrivons dans le désert. 

Après ces longues heures de trajet, nous arrivons à Merzouga. L'attraction du lieu est l'erg Chebbi, un mini désert du Sahara de 27km de long sur 7km de large constitué de dunes impressionnantes aux couleurs changeantes selon les heures de la journée. Nous optons pour l'excursion incontournable : le bivouac au milieu des dunes que nous atteindrons à dos de cham.,. non de dromadaire. Ils n'ont qu'une bosse. Nous aurons droit au coucher et au lever du soleil et en prime à une nuit de pleine lune. 

Alors bilan de l'aventure kif kif!! 

Nous avons aimé : le spectacle des dunes: magique. En effet, toute la palette des oranges y passe : safran, ocre, orange foncé, pâle.... Le repas, pas trop mal et le cadre  qui était pour le coup hors du commun. La tente et le campement :plutôt confortable. Nous avons eu la chance d'être quasi seuls sur le circuit, alors que le site est ultra touristique en pleine saison. Il faut juste supporter la très forte chaleur. 

Nous avons moins aimé l'accueil impersonnel des accompagnants blasés et le bruit de nos voisins de tente arrivés plus tard en 4/4 ainsi que les tam-tams de l'animation qui est venue un peu tard. Heu minuit....

En ce qui concerne la ballade à dos de dromadaire, que dire... Expérience à vivre mais pas trop longtemps. Pour le coup nous avons pu profiter pleinement de l'inconfort de la monture pendant 2 heures à l'aller et deux heures au retour. À la fin, t'en peux plus..... Et tu rêves de descendre de là. 

Bref, le jeu en vaut tout de même la chandelle même si nous avons trouvé que le tout manquait d'authenticité. Mauvais choix de prestataires peut être.. 

Après une nuit plutôt pas terrible et deux heures passées sur le dos d'un dromadaire, nous voici repartis sur la route. Direction Ouarzazate... Nous nous arrêtons d'abord àTineghir pour une première étape. Tineghir possède une très belle palmeraie et est le point de départ pour les gorges de Todgha. 

Après plusieurs heures à rouler dans le désert rocailleux, nous décidons de poser nos sacs pour une nuit dans cette jolie ville rafraîchissante . La France joue  aujourd'hui et nous nous trouvons un très grand et bel hôtel "l'hôtel Saghro "pour déjeuner, les garçons peuvent regarder le match pendant que nous les filles profitons de l'immense piscine avec vue imprenable sur la vallée . Nous pensions que ce genre d'hôtel était pour nous hors budget mais à notre grande surprise et à la grande joie des enfants, nous arrivons à négocier une chambre familiale pour 50€. Une aubaine!! D'autant que le restaurant très raffiné y sert des menus plus qu'abordables. En plus la France gagne après un match haletant. Que demande le peuple? 

Après cette belle victoire, nous allons nous balader dans le coin. À quelques kilomètres de là se trouvent les gorges de Todgha, découpées dans l'épaisseur calcaire du Haut Atlas. L'eau du Todgha s'y faufile toute l'année, ce qui en fait un spot de pique nique parfait pour des familles marocaines qui n'hésitent pas à poser leurs chaises et tables à même la rivière. 

Nous nous promenons ensuite au hasard de nos pas dans la palmeraie le long des canaux d'irrigation. Ici c'est tout un petit monde qui cultive les fruits et légumes de la région acheminés à dos d'âne.  Nous arrivons ainsi à l'ancien village Ait- el- haj -Ali, la vieille ville où ne restent que des ruines

On se croirait dans un film et on en est pas loin. Plusieurs cinéastes ont choisi ces décors. Certaines scènes du  film "Laurence d'Arabie" ont été tournées par là. 

Nous quittons Tineghir pour rejoindre notre prochaine étape. Nous passons d'abord par la vallée des gorges de Dadés , l'une des plus intéressantes du Sud marocain. La route longe l'oued Dades et dévoile des paysages superbes ou s'alternent les villages ou ksours aux murs en pisé, mélange de terre et de paille du même ocre que les falaises environnantes. Nous nous arrêtons nous dégourdir les jambes et accédons sur les conseils du routard à une petite cascade se cachant au milieu des plantations mais dont l'accès est gardé par un vieux monsieur qui réclame au passage quelques dirhams au passage . Mouais.....

Après un petit passage dans la vallée des roses ou sont récoltées chaque année plus d'un millier de tonnes de roses , nous arrivons à Skoura. Contrairement à l'idée que l'on peut se faire de cette vallée au nom évocateur, nous n'y verrons pas de champs de roses, la récolte ayant lieu en avril. De roses, nous ne trouverons que des fleurs séchées sur les étals de vendeurs d'eau de rose et autres produits dérivés exportés dans le monde entier.

Skoura est réputée pour son immense palmeraie. Nous trouvons un riad très sympathique dans lequel nous arrivons à négocier encore un petit peu avec sa charmante propriétaire Leila. Pendant que les enfants profitent de la belle piscine, Laurent et moi nous offrons une petite sortie en amoureux à vélo dans la palmeraie . Superbe ballade dans ce labyrinthe constitué de douars entendez maisons traditionnelles, kasbah (c'est plutot la grande propriété) , constructions en pisé et plantations. Top!! 

Le lendemain, après un passage éclair dans le souk de Skoura , nous arrivons à Ouarzazate réputée pour sa photogénicité cinématographique. De très nombreux grands films y sont tournés régulièrement. Nous rejoignons après avoir roulé sur une piste de 10km l'oasis de Find, dans les environs de Ouarzazate. Find signifie caché. C'est en effet cachée derrière des montagnes rocailleuses que se trouve nichée une oasis comme on se les imagine : de l'eau des palmiers et des petits villages. 

Et la, c'est le drame! Enfin le mini drame qui plombe bien une journée. Belle  illustration de ce que peuvent être  les caprices du destin . En route pour trouver un restaurant, nous prenons un gars du coin en stop qui en voulant bien faire nous oriente vers un parking ombragé que nous n'aurions pas vu seuls et là "paf" on se prend le panneau erraflant considérablement notre voiture au passage. Dégoûtés !! Après un repas à l'ambiance gâchée par l'incident , nous rencontrons Ismaël le propriétaire de l'établissement qui justement devait se rendre chez son garagiste . Ni une ni deux, nous voilà dans un des meilleurs garages du coin et une heure plus tard, on n'y voit que du feu!! Enfin la suite de l'aventure  nous le dira. Il reste quelques erraflures sur la vitre. Pourvu que le loueur  ne les voit pas. Bref si nous n'avions pas rencontré le premier type, rien ne se serait passé mais le destin s'est rattrapé en nous mettant sur la route d'Ismael... 

Après cette mésaventure nous repartons sur les routes de la vallée du Draa , direction Ait Ben Addou. Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce ksour (ensemble de Ksar ) est l'un des mieux préservé de tout le sud marocain. Il s'agit d'une véritable forteresse de terre et de roseaux dont les premières constructions remonteraient au 5 ème siècle. Plusieurs scènes du film "Gladiator" et bien d'autres y ont été tournées. "Astérix et Cléopâtre", "le diamant du Nil" pour ne citer qu'eux. En effet, à tous les coins de ruelle, on s'attend à voir surgir Russel Crowe ou Astérix,  nous on y croisera Ninix et Cléotor...

Dernière étape de notre périple sud marocain:  Marrakech. 

Nous prenons la route en direction de Telouet et arrivons au col de Tizi -n -Ait -imguer . Les paysages spectaculaires se succèdent et nous font oublier les aléas de la route : pistes cahotiques , travaux tout le long de la route, poussière et camions fous... 

Et puis nous voilà à Marrakech. Allez on prend une grande inspiration, on se détend et yalla !! Bienvenue à Marrakech!!

On le savait, Marrakech ne se visite pas en voiture. Mais on est là et il faut bien faire avec . Nous arrivons avec le petit plan du routard qui ne sera d'aucune utilité. Fort de ses multiples expériences automobiles dans de grandes villes , Laurent gère bien la conduite sur les grands boulevards de Marrakech mais les choses se compliquent dès l'entrée dans la médina. C'est un grand bazar, un souk oui, du grand n'importe quoi. Voitures, vélos, motos, piétons calèches et tout ce qui peut bouger circule la dedans dans la plus grande anarchie... Sensations fortes garanties. Après avoir slalommé comme des dingues dans ces ruelles de fous, nous sommes  guidés par 2 gars à mobylette jusqu'à un parking dans lequel notre véhicule restera 2 jours. Nous trouvons l'hostel magnifique, que j'avais repéré sur internet. Et nous pouvons enfin respirer. 

Nous passerons 2 nuits à Marrakech. Une marée humaine, des échoppes à n'en plus finir, des œuvres d'artisanat marocain a tous les coins de rue mais aussi des mendiants et surtout ces engins de toutes sortes qui surgissent de partout et qui frôlent les passants sans vergogne,  voilà ce que l'on retiendra de cette médina classée au patrimoine de l'UNESCO. Nous retiendrons aussi malheureusement la malhonnêteté de nombreux restaurateurs et le harcèlement incessant des vendeurs.  À tel point que j'ai renoncé à y faire du shopping. Fatiguant, usant! Dommage!

Pour Laurent le photographe , Marrakech fut frustrante. Lui, amateur de scènes de rues aurait pu faire de cette ville grouillante de vie son paradis de photographe mais ce ne fut  pas sans compter sur les refus néanmoins compréhensibles des gens a se laisser photographier ou pire à la velleité de certains autres de monayer les clichés. Dommage!

Les enfants et surtout Nina ont détesté s'y ballader et ont passé une grande partie de leur temps à l'hostel. Marrakech regorge de musées et parcs à visiter. Pas la tasse de thé des enfants non plus. Bref, Marrakech au nom si enchanteur ne nous a guère enchanté et nous quittons cette dernière étape du Sud marocain sans trop de regrets . 

Pour la petite histoire, le loueur regardera à peine la voiture lors de la restitution. Mais le destin nous a encore joué une petite farce à 400 Dirhams soit 40 euros. En voulant aller faire le plein d'essence 2 minutes avant de rendre le véhicule, mal conseillé par le gars de chez le concessionnaire, Laurent fait un demi tour dans une zone ou cela était interdit sous le nez d'un agent de police. Bilan del' opération : une petite prune qui passe mal avant de quitter Marrakech. Allez zou dans le train pour la suite de nos aventures. Direction le Nord du Maroc.